Colombia nous voilà!

3 mai, nous sommes de retour sur la partie équatorienne du continent, à Quito, le temps d’une soirée. Après une bonne nuit de sommeil, nous poursuivons notre route vers le Nord sans tarder : destination Colombia! Nous arrivons à la frontière après un premier trajet de 5h, puis nous passons les 2 postes frontières en partageant un taxi avec un couple de voyageurs anglo-danois. Le temps de dîner ensemble et de retracer nos itinéraires respectifs et il est temps pour chacun de reprendre sa route à bord d’un bus de nuit ; eux vers Cali et nous vers San Agustin. Nous y parvenons le lendemain en fin de matinée et rejoignons directement la Casa de François pour y poser notre tente. Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas campé dites donc! Le lieu est un véritable petit coin de paradis, parsemé de hamacs, de bonnes idées en matière de concepts écologiques et doté d’une petite restauration qui tombe à pic : salades arrosées de sauce au miel, crêpes au chocolat ou au beurre, sucre et citron… On se sent bien, ça commence bien! L’après-midi, nous partons à la recherche du marché pour y faire le plein de fruits et légumes. C’est tellement bon marché, on va se régaler! Nous y dénichons d’ailleurs le meilleur ananas que nous ayons mangé à ce jour.

Pleins de vitamines, nous entrons dans le vif du sujet dès le lendemain en découvrant les statues précolombiennes du Parque Arqueologico de San Agustin. On en sait finalement assez peu sur le pourquoi du comment de cette population vieille de 2000 ans et de leurs sites funéraires : que signifiaient ces statues aux visages tantôt humains, tantôt bestiaux, pour la communauté qui les a sculptées ? Quelle est l’histoire de ce peuple disparu ? Beaucoup de mystères subsistent, ce qui n’est pas sans nous rappeler les Moais de l’Île de Pâques. C’est sans doute en laissant libre court à son imagination qu’on apprécie le mieux ces sites chargés d’histoires mystérieuses. Nous élaborons donc quelques théories imaginaires : les bêtes plus ou mois féroces représentées au dessus des visages humains ne seraient autre que leur propre démon voire leur futur incarnation. Parfois, les statues représentent directement le démon et le personnage initial est dans ses mains, paraissant minuscule, menacé et visiblement apeuré. Sans doute l’imagination de ces êtres était tellement débordante que leurs démons ont pris le dessus. Ils ne sont plus seulement représentés au dessus de leur tête mais les ont carrément supplantés, mangés…

Les rares statues colorées de San Agustin

Le soir, nous avons été invités à assister à un combat de coqs par Silvio et Anibal. Ce dernier nous avait conduit jusqu’à San Agustin le premier jour, depuis l’arrêt de bus. Quant à son frère, il a plein de coqs et quelques chevaux avec lesquels nous ferons une balade vers d’autres sites à statues le lendemain. En attendant, c’est à à la fois sceptiques et intrigués que nous acceptons l’invitation. Après tout, ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion d’assister à ça et autant savoir ce qu’il en est vraiment avant de conforter son opinion.

L’agitation et l’excitation sont à leur comble sous le pré-haut du bar. De petits groupes s’organisent : ici, on s’occupe de la pesée des coqs, là on les prépare pour le combat. Les combats se font tout de même à la loyale, entre coqs de même catégorie. Ensuite d’autres petits groupes s’affairent pour coller la griffe métallique fatale à chacune des pattes du coq. La cire des bougies chauffe à chaque table pour servir de colle. Les gestes sont précis. Chaque détenteur de coq se transforme en véritable coach pour boxeur. L’ambiance peut paraître malsaine : équiper son coq d’une griffe métallique à la X-Men pour aller combattre ses congénères sous les regards fous des hommes. Paradoxalement, bien que baignés dans la violence, les coqs sont bichonnés et caressés par leur maître tout au long de la soirée, comme un bien précieux qui peut leur rapporter gros. La séance de préparation étant terminée, les combats démarrent. Ce sont des combats de 10 minutes au cours desquelles les coqs se jaugent, se toisent, se donnent des coups de becs, font des bons vers leur adversaire et de temps en temps parviennent à l’immobiliser quelques secondes avec la fameuse griffe. Dès que cela se produit, les coachs séparent les 2 individus pour ne pas faire davantage de dégâts et le combat reprend entre les 2 individus. Celui qui compte le plus grand nombre d’immobilisations est déclaré vainqueur. Si un coq est à terre plus d’une minute et ne se relève pas, le combat s’arrête. Si les dés sont jetés et qu’un coq est vraiment mal en point, le coach peut décider d’arrêter le combat et déclarer forfait. Ce ne sont donc pas des combats à mort. Une fois le top départ donné, le public, majoritairement masculin il faut le dire, entre en transe : les paries sont lancés, les voix s’emportent et les coachs présentent leur coq. Un bon concentré de vices se révèle à ce moment-là : argent, alcool et violence. Une drôle de découverte, captivante dans sa préparation et effrayante dans son déroulement ; le genre d’expérience unique que nous ne renouvellerons pas.

Agitation et concentration autour du combat de coq

Ce matin, nous attendons notre guide Silvio durant une petite heure avant de partir à cheval à la recherche de nouvelles statues. Il s’est couché à 5h du matin et a certainement la gueule de bois mais il a le sourire. Trois de ses cinq coqs ont gagné cette nuit. Nous rejoignons les premiers sites, El Purutal et La Pelota, sur nos fidèles destriers, Carmela pour Jérôme et Emilio pour Clémentine. Ici, les statues sont colorées de rouge, jaune, noir et blanc. La résultat est beau et donnerait presque un côté animé à ces blocs de pierre pétrifiés. A Chaquira, le cadre est tout autre : nous surplombons le Rio Magdalena et les personnages sont dessinés sur des blocs de roche volcaniques, dans des positions invitant à la méditation. Nous, ça nous donne envie de faire une petite sieste au soleil.

Statue en méditation

Pour notre dernier jour à San Agustin, nous profitons de l’effervescence du marché puisque nous sommes lundi, jour où le marché bat son plein. Ça grouille, ça mange et ça crie pour attirer le passant! Un de ces lieux qui se prête à l’observation et à la photographie avec de l’animation dans tous les recoins. Avec le plein de provisions, il est temps de se poser un peu à l’auberge avant notre bus du nuit pour Bogotá.

Au marché

Dans la capitale, nous retrouvons Brieuc, dont nous avions fait la connaissance à Punta Arenas au sud du Chili et que nous avions recroisé à Puerto Williams, sur l’Isla Navarino. Bogotá est une ville polluée et intriguante même si elle ne paraît pas forcément accueillante au premier abord. La découvrir à travers le regard de Brieuc permet l’immersion parfaite. Les graffitis du quartier de la Candelaria font échos à certaines rues et venelles de Valparaiso. De retour à l’appartement, nous faisons la connaissance de sa copine colombienne Diana. Les discussions en espagnol fusent durant ces 2 jours. Nous tentons de refaire le monde et les sujets politiques ne manquent pas : les élections dans nos différents pays, les FARC, l’accord de paix théorique avec eux qui fait grandement débat. Silvio nous en avait également beaucoup parlé ; ils sont de ceux qui sont plutôt sceptiques quant à ses réelles répercutions et les véritables enjeux qui se cachent derrière cet accord. Pas simple du tout et nous nous rendons vraiment compte que depuis chez nous, nous n’avons qu’une information partielle sur le sujet.

En pleine discussion dans les rues de Bogotá

La journée suivante est culturelle avec la visite du Museo del Oro au programme et quelques découvertes culinaires comme les ‘tamales’ (poulet, purée de farine de maïs et légumes servis en papillote dans une feuille de maïs) et le ‘chocolate completo’ (chocolat chaud accompagné de fromage à faire fondre dedans et de pain). Au musée, nous découvrons tout un tas d’objets en or qui ont pour certains plus de 8000 ans. Les méthodes de création des orfèvres précolombiens y sont bien détaillées et nous nous laissons captiver. On aurait bien embarqué quelques objets mais tout était bien protégé sous vitrine… Et on a même droit à une mise en scène du mythe de l’Eldorado, né en Colombie et ayant motivé la colonisation de l’Amérique latine. Les conquistadors n’ont pas pu résister à ce mirage d’une contrée fabuleuse riche en or. Quant à nous, nous sortons de là avec les yeux brillants de tout l’or que nous avons vu et nous profitons de notre dernière soirée dans la capitale avec Diana et Brieuc autour de quelques bières artisanales et d’une pizza (merci encore pour l’accueil!). Prochaine étape : la côte caraïbe!

Piercing en or

En images :