Los Galápagos… de lave et d’écailles, de poils et de plumes

22 avril, après une semaine à Quito, le jour du grand départ est enfin arrivé. Nous décollons pour les îles Galápagos. L’excitation est à sa comble! Nous sommes d’autant plus impatients que nous piétinons depuis une semaine à Quito. Nous avions initialement prévu de faire l’ascension du volcan Cotopaxi, mais ce dernier montre des signes convaincants d’activité et son accès est fermé aux visiteurs… Après les incendies au Chili, les inondations au Pérou, le tour des volcans équatoriens est venu. Nous attendons une nuée de criquets ravageurs en Colombie pour compléter le tableau!

Un peu moins de 3h de vol et nous atterrissons au nord de l’île de Santa Cruz, l’une des 4 îles habitées de l’archipel. A la sortie de l’avion, nous sommes littéralement terrassés par la chaleur. Il est 12h30, le mercure affiche plus de 35°C et nos amis les nuages ont déserté les lieux. Du changement pour nous, après l’acclimatation à l’altitude, il va falloir travailler notre acclimatation à la chaleur, au soleil et aux plages… on vous laisse juger du programme. Notre séjour prolongé à Quito nous a laissé le temps de faire du repérage et d’affiner notre stratégie pour découvrir l’archipel. Après avoir hésité avec une petite croisière, nous avons finalement opté pour une découverte approfondie d’un secteur par nos propres moyens. Nous garderons ainsi plus de liberté et devrions limiter les coûts. Notre choix s’est porté sur l’île de San Cristobal, à l’Est de l’archipel. Les sites d’intérêt y sont facilement accessibles et c’est la meilleure option pour accéder à l’île d’Espanola, seule île de l’archipel (et du monde) à accueillir l’Albatros des Galápagos, qui nidifie de mai à décembre.

Notre séjour sur Santa Cruz ressemble donc davantage à un transit puisque nous prenons un bateau dès le lendemain matin pour rejoindre notre destination : Puerto Baquerizo Moreno sur San Cristobal. En attendant, nous avons un après-midi à remplir et comme nous sommes motivés, nous le dédions courageusement à notre acclimatation! Direction la plage de Tortuga Bay située à environ 2km de Puerto Ayora, principale ville de l’île. Le trajet est pénible, la marche technique et nous suons à grosse goutte. Avec ça, nos sacs sont très lourds comme d’habitude, etc. Mouhaha! Non, ce n’est pas vrai! C’est avec une serviette à l’épaule, un doux chant aux lèvres et un grand courage à l’âme que nous progressons, légers comme des fleurs, au milieu d’une véritable forêt de cactus géants. Après 30 petites minutes nous atteignons la fameuse plage. Elle tient ses promesses. Le sable est blanc et fin, chaud mais pas brûlant, l’eau est turquoise, rafraîchissante sans être froide, et les vagues forment des rouleaux d’une perfection douteuse. Hum… quelque chose cloche non? C’est un peu trop parfait, nous ne sommes pas habitués. Nous nous engageons, un peu méfiants il faut le dire.

Tortuga Bay

Encore quelques minutes de marche et nous rencontrons les premiers Iguanes marins. Allongés de tout leur long et de toutes leurs écailles, ils sont là au milieu du chemin, masses noires gisantes et inertes. Les uns, soucieux de parfaire leur noirceur, se font griller au soleil, pendant que les autres, déjà bien calcinés refroidissent doucement à l’ombre de la mangrove. Le spectacle est saisissant, les plus gros individus mesurent environ un mètre et se laissent approcher sans même daigner ouvrir l’œil. En arrière plan, les pélicans, assoiffés et affamés, se jettent violemment à l’eau pour avaler goulûment de grandes tasses d’océan. Plus discrets mais aussi beaucoup plus nombreux, une armée de crabes rouges fourmillent dans les roches volcaniques entre la mangrove et la plage. Ça ne fait que 3 espèces endémiques sur les 3 espèces observées dans l’après-midi. Avec toute cette agitation dans les environs nous avons à peine eu le temps de nous baigner… que c’est dur, vraiment. Enchantés de cette mise en bouche, nous rentrons vers Puerto Ayora au couchant.

Le lendemain matin, la traversée en bateau est un peu douloureuse. Nous sommes serrés comme des sardines (des Galápagos) dans un petit bateau chahutés par les flots. Nous arrivons finalement entiers à Puerto Baquerizo Moreno qui sera notre port d’attache pour les jours à venir. Nous avons tenu 2h mais il ne fallait pas que ça dure plus longtemps. Sur les pontons, nous sommes accueillis chaleureusement par les pélicans et les otaries, très nombreuses ici.

Monsieur Pélican

Puerto Baquerizo est la capitale administrative de l’archipel, un peu moins touristique que Santa Cruz a priori. Sans perdre de temps nous commençons à concocter notre programme en faisant le tour des différents prestataires. Une conclusion s’impose rapidement. Même sans croisière, il faudra allonger les billets verts pour voir ce qui nous intéresse. C’est le jeu, nous le savions. Une fois notre programme établi dans les grandes lignes, il nous reste un peu de temps pour poursuivre notre acclimatation, direction la Loberia, petite plage proche du centre qui héberge une colonie d’otaries. Outre une baignade bien méritée, nous avons pu tester la petite caméra étanche achetée à Quito. Dans 30 cm d’eau, elle fonctionne très bien. On verra si elle relève le défi de la plongée du lendemain. En revanche, pour ce qui est des otaries, elles boudent dorénavant ce petit coin de paradis et semblent vraiment préférer les abords du port.

Les otaries du port

Pour bien débuter notre exploration de l’île, nous commençons par l’océan avec deux plongées de découverte au programme de la journée. Après l’Île de Pâques, c’est la deuxième immersion pour Clémentine et une petite préparation pour nous deux puisque nous passerons notre premier niveau au Mexique dans un peu plus de 2 mois maintenant. Sur le premier site, une petite baie abritée, la visibilité est excellente et la faune marine est au rendez-vous : otaries, Tortues marines et un requin en bonus à 5 minutes de la fin. La seconde immersion est déjà un peu plus technique. Nous déambulons autour d’une épave d’environ 50 m, le Karawa, dans un courant assez fort avec une visibilité moins favorable. La promenade est tout de même impressionnante mais dans ces conditions nous remontons au bout de 35 minutes environ. Il faut dire que Jérôme a fait cette seconde plongée avec une fuite d’air au niveau de sa bouteille… Forcément on consomme plus d’oxygène! Et personne ne dit rien?! Tout s’est très bien passé et on commence vraiment à y prendre goût. On se dit qu’on essaierait bien de plonger ailleurs sur l’île, à méditer. La seule mauvaise nouvelle c’est que notre camera étanche n’était pas étanche. Vendue pour des immersions jusqu’à 30 m, elle nous a lâchement abandonnés avant d’être descendue sous les 10 m. Jamais 2 sans 3 dit-on. Maintenant ça fait 3, la série s’arrête ici!

Coucou c’est nous!

A peine remis de nos émotions sous-marines, nous nous mettons en route vers le centre de l’île en quête des Tortues géantes. Endémiques de l’archipel des Galápagos, les Tortues géantes sont encore présentes à l’état sauvage sur plusieurs îles, dont San Cristobal, qui héberge par ailleurs une espèce spécifique. C’est l’une des signatures des Galápagos: l’endémisme. Les espèces sont endémiques de l’archipel mais l’endémisme est souvent poussé jusqu’aux îles elles-mêmes. La traversée de l’île nous permet de découvrir un peu l’intérieur des terres. Le contraste est frappant et en quelques minutes seulement nous changeons complètement de climat. Nous quittons la fournaise et l’aridité de la côte pour pénétrer dans le centre de l’île, caractérisé par un climat frais et humide. Nous quittons le vent sec, le tranchant des blocs de basalte brûlants et le piquant des cactus pour une végétation luxuriante, où prospèrent les bananiers et les plantations de café. A cette saison, le centre de l’île est baigné dans la brume et il pleut par intermittence. Incroyable, tout cela en moins de 20 km de distance.

Quelques minutes après notre arrivée à la Gualapaguera, nous apercevons nos premiers dinosaures. Les tortues sont bien présentes mais difficiles à repérer dans la végétation. A la fin de notre promenade, nous avons droit à un tête-à-tête très impressionnant avec l’un des ancêtres. Tous ses gestes sont d’une extrême lenteur. Lorsqu’elle tend son cou pour manger, son souffle rauque résonne à l’intérieur du grand tube ridé. Il ne se passe rien, le temps est suspendu. Cette carapace a l’air de peser une tonne. Une patte bouge. Une autre. La masse immense se met en mouvement, lentement, avec précision. Tout dans cette créature appelle à l’apaisement. Il faut ralentir. Cette lenteur, cette peau ridée, cette vieillesse en somme, c’est la sagesse incarnée. Il est difficile d’imaginer que ces créatures ont été massacrées par milliers pendant presque 4 siècles pour leur viande d’abord, pour fabriquer de l’huile ensuite. Sur certaines îles, elles ont disparu.

Franklin est de sortie

Après les tortues, nous avons rendez-vous le lendemain avec un lion. Oui, l’une des attractions phares de l’île de San Cristobal, c’est son Lion endormi, Leon Dormido, un bloc rocheux isolé au large qui détache sa féline silhouette sur un bleu infini. La visite commence par un arrêt sur la plage du Cerro Brujo, belle étendue de sable blanc, où les otaries curieuses et joueuses s’approchent des visiteurs et prennent la pose sans se faire prier. Nous poursuivons notre chemin vers le Lion, pour découvrir les flancs submergés de la bête, équipés de masques et tubas, lors d’une session de snorkeling. Nous restons à la surface mais la promenade aquatique est très riche. Les otaries, toujours aussi joueuses, nous suivent un long moment puis nous confient aux bons soins des Tortues marines qui évoluent quelques mètres en dessous de nous. Dans la faille, nous découvrons tout au fond la silhouette des requins. Le site est connu et fréquenté par les plongeurs pour l’observation des Requins marteaux. Ce ne sera pas pour nous cette fois-ci. Compte-tenu des forts courants et de la profondeur élevée, la plongée est réservée aux heureux détenteurs du niveau 3. A la fin de la session, notre groupe est pris d’une crise d’euphorie. C’est en remontant à bord du bateau qu’on nous explique le pourquoi du comment. Pendant que nous nous amusions avec les otaries à l’écart du groupe, un Requin baleine a fait son apparition pendant quelques minutes. Jérôme a seulement vu quelque chose de très très gros avec des points blancs. Ce n »est que plus tard que nous faisons le lien entre la taille, les points blancs et le Requin baleine…

Leon Dormido depuis la plage du Cerro Brujo

Comme les journées sont chargées, nous ne faisons pas de vieux os le soir. Nous avons commencé à établir une routine qui nous convient bien. Après le repas, nous descendons nous promener dans le port en mangeant une glace. Il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour observer la faune. Les eaux du port sont fréquentées par des bancs de Raies dorées, des otaries et parfois des petits requins. Les pélicans ne sont pas loin et les hérons rodent. Et puis les otaries animent les lieux toute la journée et toute la nuit. La colonie de la Loberia a déménagé il y a quelques années pour s’établir dans le port et il n’y a pas de doute aujourd’hui sur le fait que ce territoire est à elles. Il n’est pas rare d’apercevoir une otarie fraîchement revenue de sa baignade venir déloger des touristes imprudents qui s’étaient installés sur un banc en pensant être tranquilles (ça nous est arrivé). Elles se sont installées partout, sur les bancs, les pontons, dans les bateaux, partout. Depuis la chambre de l’hôtel où le ventilo tourne à fond, on les entend converser la nuit. Elles braillent et beuglent comme des ivrognes.

En apprentis marins que nous sommes devenus, nous quittons le port de bon matin. Notre destination: l’île d’Espanola. Située à l’extrémité Sud-Est de l’archipel, c’est aussi l’une des plus anciennes îles encore émergées. Son isolement relatif en fait une illustration parfaite de l’endémisme des Galápagos. Outre la Tortue géante (d’Espanola), l’Iguane marin (d’Espanola), le Lézard de lave (d’Espanola) et le Moqueur (d’Espanola), ce petit caillou de roche volcanique est l’unique lieu où nidifie l’Albatros des Galápagos. Cette seule annonce suffisait à nous décider d’inclure l’île au programme. C’est avec émotion que nous avions fait connaissance avec les albatros aux îles Fakland. Sur Espanola, l’ambiance est un peu différente, nous sommes au tout début de la période de reproduction, la colonie n’est pas encore très active. Mais tout de même, observer ces grands volatiles au bec effilé dans ce type de décor! Nous sommes bluffés. Le guide naturaliste qui nous accompagne est intéressant et assez discret, nous avons le temps de faire des arrêts et d’observer sans trop se presser. Depuis le bord de la falaise où nous sommes installés, nous assistons à une belle scène de chasse d’une Buse des Galápagos. Après avoir tenté de prélever son dû dans le nid des mouettes, elle s’est finalement tournée vers un adulte qui essayait vaillamment de protéger sa progéniture. Nous terminons notre petite exploration de l’île en traversant les colonies de Fous à pattes bleues et de Fous masqués. Au milieu des fous, les iguanes jonchent véritablement le sol. Leur densité dépasse l’entendement. Si un des reptiles ne bougeait pas de temps à autre on croirait être dans un cimetière. Une remise de vieux gréements oubliés sur le bord de l’océan ; leurs lambeaux de peau qui flottent, déchirés, lavés par le vent et le sel, pareils aux mosaïques colorées des coques de bateau peintes et repeintes ; une superposition de vies qui se détachent par morceaux, comme on oublie.

Il est temps de remonter à bord du bateau. Sur la plage, une petite dizaine d’otaries se prélassent dans le sable chaud entourées d’Iguanes marins. Nous quittons le paradis. Dans l’anse, un squale passe sous le zodiac. Au paradis aussi, les requins guettent les petites otaries et les buses surveillent les mouettes.

Albatros des Galápagos

Nous voilà presque à mi-parcours de notre séjour aux Galápagos et nous avons déjà eu un aperçu assez complet du bestiaire formidable des ces îles autrefois appelées « Islas encantadas ». Pour la suite de notre programme nous avions envisagé de changer d’île pour découvrir la petite Floreana. Seulement nous aurions aimé aller voir les Fous à pattes rouges au nord de San Cristobal. Le site est éloigné et les prestataires veulent s’assurer de remplir le bateau avant de partir. Pour le moment, nous n’avons pas trouver de bateau qui nous convienne. Une des options qui s’offrent à nous est de passer directement par un pêcheur qui nous déposerait sur le site où nous pourrions camper. Le même pêcheur nous chercherait le lendemain. Cette perspective est assez attrayante dans la mesure où elle nous garantit une liberté inouïe (pour le contexte des Galápagos). Son prix, en revanche, est nettement moins attrayant : un quart de notre budget pour 2 jours. Après avoir longtemps hésité, nous écartons finalement l’option « sur-mesure ». Nous allons contenir le budget (c’est à la mode) et rester sur San Cristobal. Nous irons voir les Fous en fin de semaine lors d’une excursion. Pour patienter, nous allons profiter des sites gratuits, très sympas par ailleurs. La suite du programme s’annonce donc plus cool : plage, snorkeling, sieste, plage, snorkeling, etc. Et pour finir en beauté, nous avons tout de même réussi à prévoir une nouvelle plongée lors de cette prochaine excursion! Le site nécessiterait une licence de niveau 1 mais le patron nous connaît maintenant et il est d’accord de nous emmener!

Bateau taxi dans le port

En attendant, nous décidons de retourner à la Loberia. Lors de notre première visite, un panneau d’interdiction nous avait stoppé dans notre course pour découvrir un petit sentier au départ de la plage. Nous arrivons très tôt le matin et c’est un tout autre site que nous découvrons. Nous sommes seuls ou presque, la marée est basse et la lumière douce du matin caresse le basalte qui couvre le sentier. Au bout d’une petite marche nous atteignons une belle falaise depuis laquelle nous pouvons admirer à loisir les frégates, fous et mouettes qui peuplent les airs et les rochers. Notre perchoir est aussi idéal pour profiter du spectacle des Tortues marines qui viennent se nourrir près du rivage. Nous passons un moment agréable dans un cadre vierge et puissant. Nous amorçons le chemin du retour juste avant que la chaleur ne s’installe. Sur le chemin escarpé, les iguanes sont très nombreux. Avec leur mimétisme spectaculaire, nous avons manqué à plusieurs reprises de nous retrouver empalés dans les blocs de roches. On a beau les savoir végétariens, difficile de ne pas s’effrayer un peu quand on le découvre au dernier moment à quelques centimètres sous son pied. On s’est quelques fois imaginé tomber dans les blocs de lave coupant, très vite cernés par des dizaines de ces dinosaures en train de saliver à la vue de nos mollets. On se dit que s’ils mangent des algues, ce n’est pas par goût, mais par nécessité! Ils sont taillés pour la lutte et en quelques instants ils seraient sur nous comme des Piranhas. Mais voilà, rien. Les apparences sont trompeuses. Ce sont d’anciens loubards biker reconvertis en Bouddha. Nous redoutons seulement une rechute.

Pourquoi de telles griffes si c’est pour manger des algues?

Nous pensions nous lasser de la plage mais à notre grande surprise, il n’en est rien! A quelques centaines de mètres seulement du centre nous avons établi notre résidence d’après-midi sur une accueillante petite plage : Playa Mann. L’après-midi s’écoule doucement entre les jeux de dés, la lecture et les bains. Il se termine généralement avec une brochette de poulet mariné dégustée en regardant le soleil se coucher derrière les bateaux du port. Nous avons eu l’occasion de retourner à la Tijeretas où nous avions plongé, mais cette fois avec le matériel de snorkeling. Cette baie est vraiment agréable et même sans un équipement complet nous nous faisons vraiment plaisir. L’eau est tranquille, les poissons nombreux, les otaries joueuses et les Tortues marines passent par ici de temps à autre. On ne se lasse pas des tortues.

Puerto Baquerizo Moreno

Le jour de la sortie à Punta Pitt est enfin arrivé. Il faut compter environ 2 heures de bateau pour rejoindre le site au nord de l’île. Aux Galápagos, Punta Pitt est l’unique lieu où il est possible d’observer les 3 espèces de fous : Fou à pattes bleues, Fou masqué et le rare et remarqué Fou à pattes rouges. Nous débarquons en début de matinée et nous atteignons la petite colonie après une courte marche dans des paysages nouveaux. Les Fous à pattes rouges sont bien présents mais en petit nombre. La plus grande colonie de l’archipel est installée sur l’île de Genovesa, exclusivement accessible en bateau de croisière. A Punta Pitt, ils se font voler la vedette par les Fous à pattes bleues qui couvent leurs œufs et élèvent leurs petits tout le long du sentier. Alors que le groupe s’éloigne, désireux de remonter sur le bateau, nous traînons un peu devant les oiseaux et sommes les heureux témoins d’une belle parade, exécutée dans les règles de l’art! Cette fois, il faut y aller. Ce n’est pas le tout mais nous avons deux plongées au programme. L’encadrement est nettement plus sérieux et nous retrouvons avec plaisir cette sensation d’apesanteur marine. Dès l’immersion, une bande de 5 otaries nous entraîne dans leur gymnastique aquatique. Le mâle, qui pèse environ 350 kg, est un peu moins commode. Il a du voir un rivale dans la personne de l’instructeur puisqu’il le harcèle avec insistance. Il paraît que ça peut mordre ces bêtes-là. On ne va pas rester pour vérifier. La plongée est très agréable et nous sommes nettement plus détendus que la dernière fois, ça doit aider. Il y a d’immenses bancs de poissons et nous découvrons près du fond une belle raie, très grande. Elle ondule avec grâce dans le vent de l’océan. En tout et pour tout nous aurons vu 3 espèces de raie différentes dont la fameuse Raie marbrée, tapie à la sortie d’une petite cavité. Cette session plongée est parfaite pour clore notre découverte de San Cristobal. Cette vie sous-marine aussi riche est une belle surprise pour nous. Nous qui nous attendions à une profusion terrestre, nous sommes ravis de découvrir que les fonds marins ne sont pas en reste, bien au contraire. On comprend un peu mieux ce qui se passe ici. La Terre n’est qu’un refuge, toute la vie est tournée vers l’océan et vers la côte. Les iguanes en sont sûrement l’un des meilleurs exemples. Partout ailleurs dans le monde, les iguanes sont exclusivement terrestres. Ici, en bons maîtres nageurs, ils se sont spécialisés en s’alimentant des nombreuses algues à disposition sur les rochers de la côte. Cette grande richesse des eaux côtières des Galápagos résulte d’une combinaison unique de courants marins qui se croisent et s’emmêlent pour former un super cocktail de nutriments.

Fous à pattes bleues en parade

Revenus à Puerto Baquerizo, nous courons chercher nos carnets de plongée pour les faire remplir et tamponner. Cinq plongées déjà depuis le début du voyage! Pour notre dernière soirée à San Cristobal nous ne dérogeons pas à la tradition, une dernière glace dégustée sur le port. Les Raies dorées nous saluent.

La traversée du lendemain matin vers Santa Cruz est beaucoup plus calme qu’à l’aller. Le bateau est plus grand et plus confortable, mais nous préférons mettre ça sur le compte de notre pied devenu « marin ». De retour à Puerto Ayora nous avons prévu de visiter quelques sites facilement accessibles. L’après-midi même, nous nous mettons en route vers Las Grietas, belle fosse de roches volcaniques dans laquelle il est possible de barboter dans une eau limpide. Arrivés sur place on se rend compte que le bon plan a été éventé… Il faut faire des pieds et des mains pour parvenir à se mettre à l’eau! Le lieu reste très agréable surtout qu’il est possible de s’éloigner un peu de la foule en s’enfonçant dans la gorge.

Le dernier jour est arrivé et nous avons gardé le meilleur pour la fin bien sûr. Nous partons tôt le matin pour aller rendre visite aux Tortues géantes de la Réserve naturelle El Chato située dans les hautes terres de l’île. Elles sont nombreuses ici, pas besoin d’explorations approfondies dans la végétation dense. Le site est parsemé de mares dans lesquelles les tortues ont élu domicile. Elles semblent extrêmement concentrées à ne rien faire. Elles donnent franchement l’impression d’attendre que la flaque s’évapore autour d’elles pour se mettre en marche. Le cadre d’observation est plus agréable que sur San Cristobal et nous pouvons librement en observer quelques-unes qui se déplacent, se nourrissent, se baignent bien sûr. Leurs carapaces immenses portent les stigmates d’une vie bien remplie.

Tortue géante de Santa Cruz

Les vacances au paradis touchent à leur fin. Dans l’après-midi, nous nous autorisons une dernière virée à Tortuga Bay. La boucle est bouclée. Nous faisons nos adieux aux Iguanes marins dont le flegme ne nous étonne plus. Et pourtant.

Quelle devait être la surprise des premiers visiteurs lorsqu’ils débarquaient pour la première fois et qu’ils découvraient toutes ces créatures! Ici, il est possible d’avoir une grande proximité avec des animaux peu ordinaires. Pendant que les iguanes dorment, les otaries passent le plus clair de leur temps à jouer ou à dormir. Dans les airs, les gros pélicans que l’on croirait volontiers maladroits, effleurent la surface de l’eau avec puissance et adresse. Les fous, mitraillent la surface de l’eau dans des plongeons magnifiques. Le fabuleux tient certainement dans la rareté c’est sûr mais davantage encore dans l’ambiance qui se dégage de ce tableau.

A Tortuga Bay, la boucle est bouclée

Le lendemain nous retrouvons Quito, sous une pluie triste. Poursuivons, quittons Quito. Colombia, nous voilà!

En chiffres :
– 3 îles découvertes
– 4 nouvelles plongées
– 1 camera insubmersible… submergée

En images :